Prec. Suiv.

Les guerres de Charles le téméraire (1465-1477)

VI - L'armée de Charles le Téméraire

VI.3 - L'équipement des ordonnances

Les Hommes d’armes

Les hommes d’armes sont l’ossature de la lance bourguignonne, ils sont à la fois les meilleurs combattants et les leaders des unités que ce soit la chambrée ou des différents escadrons. Leur équipement est réglementé de la manière suivante : Tous doivent porter une armure de plate complète. Cette armure de plate est dans le style Allemand dans un premier temps, avec comme protection de tête composée d’une bavière et d’une salade.

L’influence des mercenaires se fait sentir car rapidement les Armets (Casques avec une visière amovible), ou les Barbutes sont autorisés. L’armure est suffisamment protectrice pour supprimer les boucliers qui disparait de la panoplie des hommes d'armes

la panoplie du chevalier. L’armement des hommes d’armes sont ceux classiques de l’époque :

Une épée et une dague
Une masse d’arme
Une lance de cavalerie

Les chevaux doivent être protégés par une barde entièrement en métal, mais devant le prix très important de cet équipement, le règlement n’impose d’une protection de tête en métal.

Pour être reconnaissables sur le terrain, on fournit aux hommes d’arme une croix de Saint-André en velours rouge. (Ordonnance de 1473 : «Et pour les hommes d'armes, mondit seigneur fera fere croix saint André de velours vermeil qu'ilz mectront sur leur harnoiz »)

Les Coustiliers

Les coustiliers, coutilliers ou coustilleux sont l’équivalent pour la Bourgogne des ‘Reiters’ – (Reitres) allemands. Les Reitres sont des cavaliers plus légers que les hommes d’armes. Ils sont protégés par un plastron de métal à l’avant et une brigandine pour le dos qui sera très souvent remplacé par une brigandine complète. Le reste de la protection est composée de canons de bras et de jambes en métal.

L’armement est composé :

d’une lance ou d’une demi-lance d’arrêt,
d’une épée,
d’un coutelas long
de Javelines.

Ces hommes sont donc des cavaliers plus légèrement équipés que les Hommes d’arme, ils viennent en compléments des hommes d’armes.

Les Archers montés

La dernière composante militaire montées de la lance bourguignonne sont les archers montés. Les archers montés s’entendent comme Tireurs. Ils ne combattent pas à cheval, mais comme les dragons, démontent devant l’ennemi.

Leurs équipements est donc plus léger que pour les Coutilier : une protection simple, la jaque ( ou Gambison, vêtement matelassé composé de plusieurs couches de tissus). A noter que les Arbalétriers peuvent eux revêtir une brigandine plus résistante. L’armement est inspiré des archers anglais avec :

un arc long, 30 flèches
une épée longue (à deux mains ou à une main ½) .
Les arbalétriers eux doivent être équipés d’une arbalète et d’un cranequin (d'où leur nom de cranequiniers) permettant de faciliter le réarmement de l'arme

Exemple de Cranequin (Altes und neues Kriegszeug - Insbruck vers 1500)

Il est probable que cette unité soit également équipée d’un paletot aux couleurs des ordonnances comme décrit dans l’ordonnance de 1473 : « mondit seigneur fera fere paletoz de deux couleurs, assavoir de bleu et de blanc par moitié à tout la croix saint Andrieu de rouge »

Les Piquenaires

Les troupes à pied viennent compléter la lance bourguignonne. Ces troupes à pied sont principalement des Piquenaires, troupes composées principalement de piquiers, on observe cependant que les chroniques montrent des formations alternant des vougiers et des piquiers. Ils sont protégés comme les archers : une jaque, une chemise de maille voire une brigandine, une protection de tête de type Salade. La protection est complétée par une targe (Petit bouclier rond). Les illustrations et les artefacts retrouvés semblent que les targes sont plutôt des pavois utilisés pour les sièges et offrant une plus grande protection. Les éléments conservés issus aussi bien du siège de Neuss que des campagnes en Suisse montre une constante dans ces équipements.

Les tireurs

Les tireurs à pied sont la dernière composante de la lance : il s’agit soit d’archers, d’arbalétriers, soit de couleuvriniers. Ils sont équipés comme les Piquenaires avec une jaque ou des brigandines ou des chemises de mailles. Il semblerait que les tireurs et Piquenaires agissaient de concerts lors des batailles sous forme de ‘Herse’ une alternance de piquiers et de tireurs dans une sorte d'ancêtre des formations de Tercios.

L'artillerie

L’artillerie est l’arme de puissance par excellence. La puissance d’un état n’est pas réellement liée à son armée, mais à son artillerie. En effet, la guerre à cette période est une guerre de siège principalement. Sur les 6 affrontements Majeurs de Charles, 5 sont des Sièges (Beauvais, Neuss, Héricourt, Granson, Morat, Nancy) Seul Monthléry est une bataille de rencontre. L’artillerie Bourguignonne est parfaitement connue grâce au butin des Suisses lors de la bataille de Granson et de Morat qui alimentera les Arsenaux confédérés à l’époque et les canons sont peints et décrits très tôt et de nombreux exemplaires existent encore aujourd’hui.

Les canons existent dans tous les calibres : des pièces de siège aux pièces de campagne. Les pièces de sièges sont de très gros calibres, peu mobile, en fer forgé. La majorité des pièces sont cependant très modernes : en bronze, avec Tourillon, réglables en hausse, et Mobile car sur affut.

La puissance du Duc s’exprime à travers cette arme. A Granson l’artillerie est quasiment entièrement perdue lors de la fuite. Elle sera entièrement reconstituée pour Morat, puis une troisième fois pour Nancy ce qui marque la puissance financière du Duc.